Immobilier de luxe : Paris retrouve son attractivité

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Le contexte économique incertain ramène un certain nombre d'acheteurs français vers la capitale. Les étrangers - éloignés pendant la crise Covid -, et les expatriés sont par ailleurs de retour.

 

Avec l'épidémie de Covid-19 et les différents confinements, Paris a un peu perdu de son pouvoir d'attraction, y compris auprès des clients fortunés. Un certain nombre de familles ont cherché à s'installer en banlieue Ouest - à Saint-Cloud, Ville-d'Avray, Versailles, Saint-Germain-en-Laye ou au Vésinet -, de préférence dans des maisons avec jardin avec de l'espace pour télétravailler. Et à proximité d'établissements scolaires de qualité pour leurs enfants.

Résultat, en deux ans, entre juin 2020 et juin 2022, les prix des maisons haut de gamme ont explosé dans les Hauts-de-Seine (+7,6 %, à 7.885 euros du m2) et plus encore dans les Yvelines (+18,6 %, à 5.896 euros), selon une étude menée par Belles Demeures, le portail d'annonces spécialisé dans l'immobilier de prestige.

« Faire le plein de crédits »
A l'inverse, cette tendance a fait baisser les prix dans la capitale sur le marché haut de gamme : ils ont perdu 2,9 % en deux ans, à 14.462 euros du mètre carré en moyenne. Le contexte actuel, fait d'incertitudes, tend cependant à ramener des acheteurs vers la capitale - qui concentre encore 67 % des appartements de luxe proposés à la vente en France.

Les acquéreurs - à 90 % Français -, « ont la volonté de faire le plein de crédits [avant que les taux d'intérêt d'emprunts immobiliers, NDLR] n'augmentent trop. Ils associent un achat de raison à un achat plaisir », explique ainsi Nicolas Pettex-Muffat, directeur général du groupe Daniel Féau. Résultat, ajoute-t-il, « pour l'instant, à Paris, nous avons un manque de beaux produits plutôt qu'un manque d'acheteurs. Si nous avions plus d'appartements à Paris avec des terrasses, avec des vues exceptionnelles, nous n'aurions aucun mal à les vendre ».

 

« Avec l'inflation, nous voyons le retour d'acheteurs à la recherche d'adresses prestigieuses dans Paris, qui conservent de la valeur quels que soient les événements », complète Laurent Demeure, PDG de Coldwell Banker Europa Realty. Il verrait d'ailleurs bien Paris « redevenir la locomotive du marché » de l'immobilier de prestige en France. Encore une fois, l'effet « valeur refuge » de la pierre joue à plein.

Exigence plus forte des acheteurs
Le marché parisien de l'immobilier haut de gamme voit aussi le retour des acquéreurs étrangers, en particulier américains, tenus longtemps éloignés du fait du Covid. Et la parité euro-dollar leur est favorable. « Ils achètent à la Madeleine, dans le 16e arrondissement ou dans le coeur de Paris », raconte Jonathan Sitbon, directeur de l'agence Paris Victor Hugo chez Consultants Immobilier.

« Même si c'est marginal, nous voyons également des acheteurs ukrainiens, ou encore des acheteurs russes qui se disent qu'il vaut mieux investir leur argent ici qu'à Moscou », complète Laurent Demeure. Les expatriés aussi sont de retour.


Le second semestre s'annonce cependant « un peu plus difficile que le premier. Les biens avec défaut sont décotés », note Frank Sylvaire, président des agences Paris Ouest chez Sotheby's International Realty. « C'est vrai que nous rencontrons plus de difficultés sur des appartements au 1er étage, ou sur de grandes surfaces », confirme Jonathan Sitbon.

Les clients « sont de plus en plus exigeants », poursuit-il. Emplacement de l'immeuble, clarté, hauteur, vue… Pour être attrayant, un appartement doit cocher de nombreuses cases.

Avec la hausse régulière du coût des matériaux de construction et les difficultés d'approvisionnement, les acheteurs sont aussi moins enclins à acquérir des appartements ou maisons qui demandent d'importants travaux. Même dans le luxe, les acheteurs ont un budget à tenir…

 

Source : Les Echos